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  • Benoît Zimmermann

Toucher...

Dernière mise à jour : 2 mai 2020

Chers amis,

Ce blog nous invite à partager nos pensées du moment. Je me suis arrêté dimanche après-midi à un mot d’Evangile…


Toucher, pour un organiste, c’est primordial : dans l’italien de la musique, le chanteur « cantate », le violoniste ou le flûtiste « sonate », et le claviériste « toccate »…. Il touche l’orgue. Et les instruments magnifiques et exigeants des églises de Payerne me rappellent constamment l’importance de soigner le toucher.

Toucher, c’est aussi une des choses que, durant ce temps particulier d’épidémie, nous devons nous passer de faire. Et pour qui y est contraint, il faut se désinfecter les mains… Socialement, nous devenons tous des intouchables. A l’heure de la crainte de la contamination invisible, nous avons tous quelque chose des lépreux de l’Evangile, que seul le Christ ose toucher pour les purifier.


Ceux qui vivent l’éloignement d’un proche malade le savent mieux que quiconque: ne pas pouvoir toucher pour dire son affection, voire même pour dire au revoir, c’est un des aspects les plus criants de la douleur de cette situation sanitaire. Et un sujet de prière.

Quant à ceux qui doivent toucher leurs semblables, lors de soins aux vivants ou aux morts, au risque de mettre leur propre santé en danger, ils mesurent le poids que cet acte prend ces temps et ont toute mon admiration.


L’histoire de la Résurrection, au chapitre 20 de l’évangile selon s. Jean, me frappe aujourd’hui par ces mots du Christ à Marie : « Ne me touche pas ! ». Lui qui a touché les exclus et les malades ne se laisse pas toucher. Par crainte d’une contamination de résurrection ?

Plus loin dans le même évangile johannique – le récit de demain dimanche… - Thomas demande à toucher le côté et mettre la main dans les plaies du Ressuscité, sinon il ne saurait croire. Et Jésus le lui accorde.


Serions-nous donc entre l’interdiction de toucher le Jardinier-Ressuscité, qui fait naître la confession de foi de Marie par une présence mystérieuse, et l’ordre de toucher le Crucifié-Ressuscité, qui, par une présence tangible, ouvre Thomas à sa belle confession? Peut-être est-ce une piste à méditer pour vivre ce temps d’épidémie entre ces deux textes d’Evangile.


Pourtant, à y regarder de plus près, il faut d’abord constater que les deux passages n’utilisent pas du tout le même verbe grec. L’un, l’impératif adressé à Marie, semble plutôt vouloir dire : toucher, lier, mettre la main sur, retenir, voire s’approprier, dans certains contextes même manger… Le Christ ne se laisse ni happer, ni emprisonner, ni retenir par aucun lien.

L’autre verbe est un verbe d’action : littéralement jeter, lancer. « Avance ta main, Thomas ». Ainsi Thomas, celui qui voulait mettre en marche la troupe des disciples avec le Christ (Jn 11), celui qui cherchait le chemin (Jn 14) est mis en mouvement dans une chambre close. Alors que Marie la caressante, celle qui oint le Messie, est retenue de toute appropriation.


La résurrection ouvre des relations nouvelles, qui jamais n’enferment, même quand les portes de nos chambres ou de nos tombeaux sont verrouillées. Avec le Christ, il n’y a jamais de touché-coulé. Et je m’émerveille de voir le Christ si attentif aux besoins et à la personnalité de chacun, de chacune. Quel tact !


Peut-être aurez-vous encore d’autres réflexions sur ces deux passages d’Evangile en dialogue, et nos ministres complèteront s’ils le veulent. Pour moi, je m’arrête aujourd’hui à cette question : à quel toucher le Christ m’appelle-t-il en ce temps d’éloignement ? Et monte alors cette prière : Donne-moi, Père, de ne jamais mettre la main sur l’autre pour l’enfermer, mais d’y voir la trace de ton Christ vivant, mon Seigneur et mon Dieu.

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